Tous les kabbalistes se sont servis de méthodes de combinaison des lettres ou de chants des lettres, de méditation sur les lettres pour avoir un accès à l'infini.
Par ces approches, le kabbaliste cherche à comprendre et à appréhender le mécanisme cosmique et divin.
L'essence de l'univers se situe dans les intervalles des lettres. C'est dans ce vide que réside la profondeur du silence de l'univers.
L'approche de méditation hébraïque, appelée Tserouph, (ou Tserouf) צרוף, en hébreu a été largement développée par un grand kabbaliste espagnol du 13ème siècle, Abraham Aboulafia, au moment où le judaïsme médiéval connaît une activité mystique intense. Il a entièrement fondé son expérience sur la vibration.
Le mot « tserouph », veut dire réunion, liaison, combinaison, épuration.
Il vient de la racine « tsaraph » qui donne les mots « orfèvre, fondre du métal, purifier par le feu », et par la permutation des lettres « petit oiseau ».
Le kabbaliste, dans sa pratique de la combinaison des lettres, est un orfèvre qui fait fondre les noeuds de l'âme et du cœur. Le Tserouph libère la voie vers la source. Alors « notre petit oiseau » peut s'envoler hors de la cage.
La pratique du Tserouph est essentiellement basée sur le chant des lettres d'un mot et leurs combinaisons, avec des mouvements de tête. Les rotations des lettres et leurs chants ouvrent des zones endormies de la conscience et favorisent l'éveil des trente-deux sentiers de la Sagesse. Les divers sons se combinent et les mystères de ces combinaisons réjouissent le cœur au moyen de l'ouïe.
Le kabbaliste retrouve ainsi, le verbe à l'état pur, et la manière de le faire vibrer afin de se purifier et de grandir en lumière.
Le kabbaliste devient alors, le cavalier, le « kaballero ». Les lettres de la torah sont des chevaux de feu. Notre voie est de chevaucher la lettre.
Par ce travail sur le son et la vibration, le Tserouf nous aide à pénétrer dans un monde qui se situe au-delà de nos limites humaines, là où le langage n'a plus de place. Cette pratique est un travail d'éveil fondamental. Elle ouvre la communication avec notre âme et l'univers tout entier.
Ces pratiques ne sont pas une fin en soi mais un moyen d'accès à la source primordiale.